Comment enseigner sans s’épuiser ? | 4 astuces
Être professeur des écoles fait partie des métiers que l’on exerce avec passion. Rares sont les enseignants qui comptent leurs heures, surtout en début de carrière. Le risque, c’est qu’à la longue, ce rythme effréné finisse par t’épuiser, voire te dégoûter de ton boulot. Alors, comment enseigner sans s’épuiser ? Voici 4 astuces tirées de ma propre expérience.
Astuce n° 1 : Se fixer des limites et les respecter pour éviter l’épuisement professionnel
La journée d’un enseignant à l’école primaire ne se limite pas au temps passé devant ses élèves. Il y a les heures invisibles. Celles que personne n’imagine s’il n’est pas du métier. Selon une récente étude de la Depp, la moitié des enseignants déclare travailler plus de 43 heures par semaine. C’est probablement beaucoup plus pour les professeurs débutants.
Entre fiches de préparation, corrections, concertations avec les parents, réunions avec les collègues, la vie professionnelle finit par prendre beaucoup de place. Pour continuer à prendre du plaisir à venir en classe, il est non seulement impératif de se fixer des limites, mais il faut surtout apprendre à les respecter. Ce que veulent tes élèves, c’est une maitresse souriante, épanouie et pleine d’énergie. De jolis documents de travail, des séquences tirées au cordeau, ils s’en moquent. Concrètement, comment bien enseigner au primaire sans finir en burn-out ?
1 — À l’école, accorde-toi des moments de pause
Prends au moins 30 minutes pour déjeuner et papoter avec tes collègues. Relaxe-toi, seule dans ta classe quand tes élèves sont en récréation. Autorise-toi ces instants loin de l’agitation et ne considère pas cela comme une perte de temps, car tu en as réellement besoin. Tu n’es pas une machine et tu n’en seras que plus efficace.
2 — Limite ton temps de présence à l’école
Détermine une heure raisonnable au-delà de laquelle tu rentres chez toi, même si tu n’as pas fini ton travail. C’est sur ce point que tu dois être particulièrement exigeante avec toi-même. L’objectif est de trouver un juste équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle. Je ne dis pas que cela est facile, cela demande même une certaine discipline. Mais c’est non seulement important pour toi, mais aussi pour ta famille.
3 — Travailler le soir, le week-end et pendant les vacances scolaires avec parcimonie
Il n’est pas question de travailler tous les soirs jusqu’à minuit et d’y consacrer tous tes week-ends. Non et non ! Ce serait absolument contre-productif et pourrait même te conduire à l’épuisement. Enseigner aux enfants n’est pas un sacerdoce, c’est un métier comme un autre. Je suis profondément convaincue qu’il faut le prendre comme tel pour tenir sur la durée. Évidemment, je ne te dis pas de bâcler ton travail, mais tout simplement de le faire du mieux que tu peux, avec les moyens à ta disposition. Comme n’importe quel salarié, tu bénéficies d’un temps de repos obligatoire alors prends-le sans te poser de questions.
Au niveau de l’organisation, j’avais réparti mon temps de travail ainsi :
- le samedi ou le dimanche, je préparais mes cours du lundi et du mardi.
- le mercredi, d’un simple copier-coller, je reportais toutes les séances que je n’avais pas eu le temps de faire les deux jours précédents et je complétais pour finir le jeudi et le vendredi.
Avec ce fonctionnement, j’avais la sensation d’être moins étouffée par la charge de travail. À toi de planifier en fonction de tes impératifs personnels. N’oublie pas également qu’enseigner au primaire, c’est apprendre à improviser, car tout ne se passe pas toujours comme prévu. Cela ne fera pas de toi une mauvaise enseignante, si un jour tu arrives à l’école les mains dans les poches.
Maintenant, il est temps de rétablir la vérité sur le fameux mythe du prof toujours en vacances. Sur les 80 jours de congés par an (jours fériés compris), la moitié des enseignants du premier et du second degré travaille au moins 34 jours. C’est un peu plus pour les jeunes enseignants qui changent généralement de niveau et d’école tous les ans. Malheureusement, je n’ai pas de solutions miracles à te proposer. Néanmoins, plus tu anticiperas sur la période suivante, moins tu te sentiras submergée de travail la semaine et les week-ends. Professeurs débutants ou confirmés, une véritable coupure s’impose. Alors, profite de ces instants loin de l’école pour te reposer et faire le vide.
Astuce n° 2 — comment enseigner sans s’épuiser ? s’appuyer sur des manuels scolaires et utiliser des outils pertinents
Tu trouveras sur le net toutes les ressources pédagogiques dont tu as besoin :
- français ;
- mathématiques ;
- anglais ;
- histoire et géographie ;
- etc.
Elles ont l’avantage d’être fournies clé en main et cerise sur le gâteau, elles sont gratuites. Facile ! Tu n’as plus qu’à les télécharger. Pourtant, je te le déconseille. Tu passeras des heures à naviguer de page en page à la recherche de LA séquence parfaite. Pour finir, tu auras perdu un temps considérable, sans être pleinement satisfaite de tes trouvailles ! Je peux en témoigner, car c’est l’erreur que j’ai commise durant mes premières semaines de classe. Au bout du compte, je n’étais guère avancée sur la préparation de ma classe et surtout frustrée d’avoir gaspillé autant d’énergie pour pas grand-chose.
Je te propose donc d’utiliser, dans la mesure du possible, des manuels scolaires et les guides du maitre associés. Il y a forcément dans ta classe ou dans ton école, des livres sur lesquels t’appuyer. Certes, ils ne correspondront peut-être pas tout à fait à tes attentes ou à ton profil de classe, mais ils te feront gagner un temps précieux. Si en plus tu arrives à avoir un exemplaire par élève, adieu les embouteillages du matin à la photocopieuse. Autre point positif, en cas d’absence, ton remplaçant (si tu as la chance d’en avoir un) pourra aisément reprendre là où tu en étais et inversement.
Je sais combien il est difficile de résister à la pression hiérarchique sur les documents de travail à fournir :
- fiche de préparation ;
- fiche de séquence ;
- cahier-journal ;
- emploi du temps ;
- etc.
Entre nous, toute cette paperasse est-elle vraiment nécessaire ? Ce sont des documents de travail qui doivent avoir une réelle utilité. D’ailleurs, certains ne sont même pas obligatoires. Personne ne devrait t’imposer quoi que ce soit. C’est à toi et à toi seule de déterminer ceux qui t’apporteront un vrai plus au quotidien.
En ce qui me concerne, j’avais opté pour un emploi du temps et un cahier-journal numérique sur la plateforme d’Edumoov. Toutes les fonctionnalités sont conçues par des professeurs pour des professeurs. La prise en main est simple et rapide. Tu n’as plus qu’à t’occuper du contenu, le site s’occupe du reste. Non seulement tu vas gagner en efficacité, mais tu feras pâlir de jalousie tes collègues lorsqu’ils découvriront tes jolis supports colorés.
Astuce n° 3 — limiter les corrections
Les corrections, surtout en cycle 3, sont extrêmement chronophages, néanmoins nécessaires pour évaluer tes élèves. Il existe cependant quelques alternatives et des outils qui peuvent s’avérer bien utiles pour les limiter. Quand tu constates que ton bureau a disparu sous une pile de cahiers et de copies à corriger, il est temps d’user et d’abuser de l’ardoise.
C’est un excellent moyen de repérer les erreurs et de les corriger immédiatement. C’est encore l’occasion de faire participer toute la classe en confrontant les réponses des uns et des autres. Un moment interactif où chaque élève argumente et explique qui a tort ou raison. De joyeux débats en perspective !
Avec ma collègue de CM2, nous avions mis en place le cahier de recherches, une version améliorée du cahier de brouillon. Nous expliquions aux parents en début d’année que celui-ci ne serait jamais corrigé et qu’il resterait à l’école. Cependant, nous exigions qu’il soit bien tenu :
- date ;
- compétence travaillée ;
- numéro de l’exercice ;
- le tout, souligné à la règle.
Après chaque nouvelle leçon, nos élèves s’entrainaient dedans. Quand nous estimions que la compétence travaillée était acquise et qu’eux-mêmes se sentaient prêts, ils réalisaient quelques exercices sur le cahier d’évaluation.
Astuce n° 4 — éviter de multiplier les projets
Tu as envie d’impliquer tes élèves dans plusieurs projets et c’est tout à ton honneur. Cela crée une bonne dynamique de classe et renforce la cohésion du groupe. Mais comme souvent dans l’Éducation nationale, il ne suffit pas de s’y inscrire pour participer, ce serait trop simple. Tu dois compléter des documents administratifs en y indiquant les compétences, demander des autorisations, chercher des financements et que sais-je encore.
Outre la charge de travail supplémentaire, il faut bien reconnaitre que multiplier les projets vient alourdir un emploi du temps déjà bien (trop) rempli.
D’après mon expérience, il est préférable de se concentrer sur un unique projet valorisé par une production finale. Une sorte de fil rouge qui te guidera tout au long de l’année scolaire. Tu peux faire intervenir des partenaires qui animeront quelques séances et organiser une ou deux sorties pour donner du sens aux apprentissages. En bref, un projet transdisciplinaire que tu mèneras seule ou avec tes collègues.
La santé mentale des professeurs devrait être au cœur des préoccupations de l’Éducation nationale. Autant te dire, que nous en sommes encore bien loin. Le baromètre du bien-être au travail publié en octobre 2022 par la Depp est édifiant, je t’invite à le télécharger.
Enfin, une dernière chose avant de te laisser. Si tu aimes ton métier et que tu veux continuer de venir à l’école, le sourire aux lèvres chaque matin, ne le laisse pas envahir toute ta vie et surtout, prends soin de toi !