Burn-out des enseignants et reconversion Â| Partir ou rester ?

Que faire après un burn-out ? Quel dilemme ! Tous les profs passés par l’épuisement professionnel se sont inévitablement posé la question : quitter l’Éducation nationale et la sécurité de l’emploi ou emprunter une nouvelle voie professionnelle ? Le choix est cornélien, mais voici un cheminement qui facilitera ta prise de décision. Burn-out des enseignants et reconversion : partir ou rester ?
Étape n° 1 — Burn-out des enseignants et reconversion : en priorité, panser ses blessures
Sortir du burn-out est un processus long et couteux en énergie. Il laisse parfois des blessures profondes à soigner. Cela demande des semaines, des mois, dans les cas les plus sévères, des années. Inutile d’essayer de songer à une quelconque reconversion durant ta convalescence. En effet, de récentes études scientifiques ont démontré que les fonctions cognitives étaient partiellement altérées. Tu n’es donc pas en mesure de prendre une décision aussi complexe. Pour cela, ta capacité à réfléchir, à analyser, à synthétiser des informations doit être au top ! Alors, patience. La priorité est de prendre soin de toi.
S’en sortir seule me semble impossible. Pour moi, l’Ă©tape incontournable dans le processus de guĂ©rison demeure le suivi psychologique avec de prĂ©fĂ©rence un expert de la souffrance au travail. Pour parvenir Ă te livrer et Ă aller jusqu’au bout de la dĂ©marche, tu dois te sentir en confiance avec ton thĂ©rapeute. Si ce n’est pas le cas, sans hĂ©sitation, change ! Je l’ai fait et je ne le regrette pas.
Étape n° 2 : apprendre à mieux te connaître pour comprendre la dissonance entre ta personnalité et ton environnement de travail
Un des objectifs de cet accompagnement est d’analyser ce qui t’a conduit à te brûler les ailes. Les séances bien menées t’obligent à faire un retour en arrière pour comprendre qui tu es et comment tu t’es construite :
- petite enfance ;
- adolescence ;
- parents ;
- famille ;
- amis ;
- expériences professionnelles ;
- etc.
Je ne te cache pas que cette introspection est parfois douloureuse. Tu constateras par toi-même que l’éducation reçue ou les traumatismes vécus impactent directement ton rapport aux autres et au travail. Les épreuves, les émotions volontairement ou inconsciemment enfouies t’explosent au visage. C’est le prix à payer pour reprendre pied et repartir sur des bases solides.
Aujourd’hui, je sais que j’ai la nécessité de me sentir en sécurité, d’avoir une certaine liberté et des relations saines pour mon épanouissement personnel et professionnel.
La seule option pour moi Ă©tait donc de partir. Mes valeurs, mes croyances, mes besoins sont incompatibles avec les conditions de travail hostiles de l’Éducation nationale. J’ai passĂ© six ans Ă m’adapter aux exigences de la fonction sans jamais y parvenir. La colère, la frustration, l’épuisement n’ont fait que grossir jusqu’à m’étouffer.
Étape n° 3 – Si enseigner est ta mission de vie, alors reste !
On choisit rarement cette profession par hasard. Sans parler de vocation, c’est généralement un métier de cœur. D’ailleurs, les enseignants victimes d’un burn-out adoraient leur travail, mais témoignent d’un investissement beaucoup trop important. Ce rythme hors de contrôle les a conduits tout droit en enfer. Si tu fais partie de cette catégorie et qu’en dépit de toutes ces souffrances, ta motivation reste intacte, alors persiste. Évidemment, apprends à modérer ton engagement et à lâcher-prise. Je t’encourage à reprendre tes fonctions en mi-temps thérapeutique. Ainsi, tu bénéficies d’un aménagement de ton temps de travail adapté à ton état de santé et sans perte de salaire.
Ce sont aussi parfois les circonstances qui ruinent notre santé mentale :
- une mauvaise ambiance dans l’école ;
- un niveau de classe pas à ta convenance ;
- des supérieurs sans bienveillance ;
- des parents irrespectueux ;
- des élèves difficiles.
On le sait bien, les changements de poste ou d’établissement s’avèrent très laborieux dans l’Éducation nationale, mais tout est possible. Persévère, arme-toi de courage et fais appel à un syndicat pour te soutenir dans cette démarche. Sollicite un rendez-vous avec ta hiérarchie, actionne tous les leviers pour opérer un retour post-burn-out dans les meilleures conditions.
Tu peux aussi enseigner dans une autre administration. Le ministère des armĂ©es ou le ministère de l’agriculture recrutent rĂ©gulièrement des professeurs. Si tu postules et que ta candidature est retenue, tu devras solliciter une demande de dĂ©tachement de l’Éducation nationale.
Quoi qu’il en soit, reprends le travail avec quelques ajustements, car les mĂŞmes causes produisent les mĂŞmes effets.
Étape n° 4 : se détacher du regard des autres pour faire son choix
Petite devinette : comment appelle-t-on les gens qui se sentent obligés de fournir leur avis sur tout ? Tu donnes ta langue au chat ? Ce sont des toutologues. Si, je t’assure, ce mot figure bien dans le dictionnaire. Ce sont des personnes qui se posent comme expertes dans tous les domaines. Je suis d’ailleurs certaine que tu en as dans ton entourage. Tu auras beau chercher à les éviter, malheureusement tu n’y échapperas pas. Crois-moi, j’ai essayé !
Lorsque j’évoquais mon envie de démissionner, j’étais souvent confrontée à trois types de réactions :
- L’empathie : tu as raison, ça ne vaut pas le coup de se rendre malade. Sauve-toi vite !
- L’incompréhension : c’est bizarre, pourtant tu avais l’air d’aimer enseigner. C’est peut-être un mauvais passage. Allez, accroche-toi !
- La froideur : mais tu es folle ! Tu ne te rends pas compte ! Tu es fonctionnaire, tu as des avantages que tu ne retrouveras nulle part ailleurs. Serre les dents, repose-toi et retourne au travail.
J’ai intĂ©grĂ© plus tard que les gens ne font qu’exprimer leurs propres angoisses. N’y vois aucune malveillance. Tu es la seule Ă savoir ce qui est bon pour toi. Tu n’as rien Ă prouver Ă personne. Ă”te-toi l’idĂ©e que tu risques de dĂ©cevoir tes proches si tu quittes l’Éducation nationale. Ta famille et tes amis t’aiment pour ce que tu es, pas pour le mĂ©tier que tu exerces. Laisse-toi guider par ton instinct. Il est gĂ©nĂ©ralement le meilleur des conseillers.
Le burn-out te laisse deux options : partir ou rester. La dĂ©cision t’appartient. Sois confiante ! Souvent, un regard extĂ©rieur permet d’y voir plus clair. C’est pourquoi, je t’invite Ă prendre rendez-vous avec moi pour que nous Ă©changions sur ta situation et voir comment je peux t’accompagner :
Bonjour CĂ©line,
Je ne suis pas mĂ©decin, mais je peux m’appuyer sur mon expĂ©rience personnelle pour vous rĂ©pondre. Au fil du temps, vous allez rĂ©cupĂ©rer de l’Ă©nergie, retrouver l’envie de bouger et de voir du monde. Puis, la question de la reprise du travail va se poser. Vous saurez très vite si vous vous sentez capable de reprendre votre poste ou pas. Si ce n’est pas le cas, prenez le temps de vous interroger sur vos intĂ©rĂŞts professionnels, vos motivations, vos besoins, etc. Faites vous accompagner par un coach en reconversion professionnelle, une consultante en bilan de compĂ©tences, etc. Pour un bilan cognitif, rapprochez-vous de votre mĂ©decin gĂ©nĂ©raliste qui vous aiguillera mieux que moi. Je vous souhaite bon courage.
Bonjour Sandrine,
Quand savoir que nous sommes sortis du burn out?
Comment faire un bilan cognitif ? A qui s’adresser ?
Merci pour toutes les infos précieuses que vous donnez